Médecines alternatives : pourquoi tant de succès ?

Publié le : 09 janvier 202411 mins de lecture

La diffusion considérable des médecines alternatives est un phénomène mondial dont l’ampleur réelle est aujourd’hui difficile à cerner. Ceci est principalement dû à l’existence d’un grand nombre de méthodes complémentaires/alternatives et à leur expansion par des canaux largement non officiels, sur lesquels il n’est pas possible d’avoir des données précises.

On peut certainement dire qu’aux États-Unis, plus de 40% de la population utilise régulièrement des remèdes naturels ou alternatifs, ou qu’en France au moins 5 millions de personnes ont recours à des médecines non conventionnelles. Mais au final, les chiffres concernant le nombre exact de médecins alternatifs ou de leurs patients comptent peu : à la fois parce que ces données ne peuvent être considérées comme exhaustives, et parce qu’elles se limitent à nous donner des indications sur une réalité émergente et en pleine expansion.
Les observateurs les plus critiques du succès effréné des autres médicaments se réfèrent souvent au climat new age qui caractérise la fin du deuxième millénaire, avec l’émergence de nouveaux besoins existentiels et spirituels et la prédominance de la pensée magique sur la pensée rationnelle. En général, de nombreuses personnes, même de classe sociale et de niveau culturel élevés, expriment leur insatisfaction vis-à-vis de la médecine conventionnelle et se tournent vers les thérapeutes alternatifs pour obtenir la réponse à leur question de santé.

Utilisateur de médecine alternative : un profil type ?

Pourquoi aime-t-on autant les médecines alternatives ?Certaines recherches ont permis d’identifier une sorte de portrait-robot des utilisateurs de thérapies alternatives. Il s’agit souvent de femmes, de jeunes et de niveaux socioculturels moyens-supérieurs. Selon les enquêtes, cependant , les cadres et les intellectuels, ainsi que les employés et les ouvriers, ont recours à l’ homéopathie ou l’ostéopathie. En général, ce sont des patients plus attentifs et conscients de leur maladie, ou en tout cas soucieux d’améliorer leur état général de santé psycho-physique. Ils partagent avec le thérapeute alternatif la conviction qu’un mode de vie particulier peut affecter le bien-être général de la personne.
Par rapport à l’approche classique du médecin conventionnel, celle suivie par ceux qui pratiquent les méthodes alternatives est, en fait, très différente. Les principales différences concernent : la notion de santé et de maladie.

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Avec les médecines alternatives : cap sur le bien-être physique ET mental

Bien que l’ Organisation mondiale de la santé (OMS) ait formulé depuis longtemps une définition de la santé comme un état de complet bien-être physique, mental et social qui ne consiste pas seulement en l’absence de maladie ou d’infirmité , l’impression demeure que la médecine officielle continue d’éprouver des difficultés à définir le concept de santé. Selon certains, cela serait dû à une inquiétude excessive face à la maladie.

Alors que la médecine conventionnelle a généralement tendance à concentrer son attention sur la maladie, en négligeant ses causes, pour les tenants des médecines alternatives, la maladie découle toujours d’un déséquilibre entre l’homme et son environnement qu’il faut identifier et résoudre . La science peut décrire comment vous tombez malade, mais elle ne peut pas expliquer pourquoi, c’est-à-dire la raison spirituelle de la maladie. Mais les questions sur les causes du mal, sur son sens (pourquoi moi, pourquoi ici, pourquoi maintenant…) peuvent rester sans réponse. Le thérapeute alternatif peut écouter ces demandes et ces besoins de connaissance de l’individu et chercher pour lui une interprétation qui lui permette d’expliquer le sens des événements qui sont à l’origine de son désarroi.

Une nouvelle relation médecin-malade

Ceux qui traitent avec les médecines alternatives sont souvent considérés par leurs patients comme un interlocuteur plus communicatif, plus confiant et positif. La médecine moderne, tout en étant de plus en plus efficace, est devenue plus fragmentée et technologique, et apparaît de moins en moins attentive à l’écoute du patient. Cette médecine « scientifique » suscite la peur, le désenchantement, le détachement et la nostalgie de ces pratiques médicales jugées plus douces, peut-être uniquement parce qu’elles sont plus humaines.

Le patient idéal pour la médecine conventionnelle a été décrit comme celui qui ne pose pas de questions et exécute passivement les prescriptions médicales. En effet, le médecin utilise souvent le terme d’observance pour désigner ses patients, c’est-à-dire leur degré d’adhésion au schéma thérapeutique prescrit.

La position du patient qui s’adresse au thérapeute alternatif est sensiblement différente : ce dernier accomplit sa tâche, mais la réussite du traitement est avant tout entre les mains du patient. En fait, lui seul peut décider de changer son hygiène de vie, ses habitudes alimentaires , ses rythmes, la manière de se déplacer dans son environnement : bref, lui seul peut décider de retrouver sa santé.
Par rapport à l’approche traditionnelle, dans laquelle le traitement de la maladie doit être géré par des experts, des médecins, contre des personnes jugées incompétentes, la position de l’usager des médecines alternatives apparaît plutôt comme celle d’un patient plus mature et responsable.
La plus grande disponibilité vers une approche douce détermine un autre effet positif : l’adhésion du patient à ce type de traitement est plus garantie, car il a été choisi par le patient lui-même. Bref, c’est le modèle idéal du patient qui devient acteur/auteur de son propre bien-être.
L’attention globale portée au patient et à sa qualité de vie est probablement l’une des forces de l’approche alternative : celle-ci passe par l’intérêt porté aux aspects communicatifs, relationnels et existentiels, largement délaissés par la pratique médicale officielle. L’approche homéopathique, par exemple, peut être définie comme personnalisée : elle consiste en un examen complet du patient, au cours duquel le médecin homéopathe porte une attention non seulement à ses symptômes, mais aussi à l’environnement familial et professionnel dans lequel il vit. La visite se conclut ensuite par la prescription d’un médicament , lui aussi personnalisé, non toxique , qui a le charme des choses naturelles et un nom poétique (arnica, passiflore, gentiane etc.).

Médecine alternative : thérapie mais aussi force de guérison

La science officielle envisage également la possibilité qu’une maladie subisse spontanément une rémission partielle ou totale (c’est-à-dire sans l’administration d’un médicament). Cette tendance naturelle à la guérison, souvent indiquée par l’expression latine vis medicatrix naturae , qui signifie la force de guérison de la nature , peut dans certains cas déterminer le rétablissement complet des conditions de santé. Et même lorsqu’un traitement (médical ou psychologique) est utilisé, les pharmacologues soutiennent qu’au moins trois composantes distinctes agissent dans le processus de guérison que celui-ci induit :

  • la rémission spontanée ;
  • l’ effet placebo;
  • l’effet spécifique du traitement.

L’élément commun des médecines alternatives semble être simplement ceci : elles se réfèrent toutes plus ou moins à l’activation d’une énergie personnelle qui rend la guérison possible, sans recourir à quelque chose d’étranger, d’extérieur, qui est vécu comme potentiellement toxique. Les amateurs de médecine holistique aiment opposer les figures mythologiques d’Esculape, dieu de la médecine, et Igea, déesse de la santé, arguant que les adeptes du premier s’intéressent principalement à la thérapie, tandis que les adeptes du second se consacrent à la guérison. Ainsi, une fois de plus, l’idée est réaffirmée que la thérapie vient de l’extérieur et que la guérison vient plutôt de l’intérieur.

Que sont nos médecines non conventionnelles préférées ?

Parmi les principales formes de médecines douces et alternatives préférées des Français on retrouve :

  • l’homéopathie
  • la médecine naturopathique (phytothérapie, cristallothérapie, aromathérapie, pyramidologie et tous les remèdes qui utilisent des produits dérivés d’éléments de la nature, tels que les herbes, les fleurs, les minéraux, les animaux)
  • la médecine ayurvédique
  • l’acupuncture
  • les nouvelles approches psychothérapeutiques comme l’hypnose, l’EMDR
  • toutes les influences de la médecine traditionnelle chinoise (moxa, remèdes, manipulations, méditation, pleine conscience…)
  • la médecine du corps (manipulations, chiropractie, yoga, tai chi, iridologie, réflexologie, méditation, shatsu, hypnose, pranothérapie).
  • toutes les médecines et pratiques douces qui visent le bien-être du corps mais aussi un état général de bonheur et un retour au plaisir de prendre soin de soi

La plupart de ces pratiques ont en commun la vision « holistique » (unitaire) de l’organisme humain et trouvent souvent leurs racines dans la tradition populaire ou dans des philosophies particulières.

Voici les six raisons les plus courantes pour lesquelles les Français choisissent de recourir à la médecine alternative :

  • alors que la médecine traditionnelle a longtemps eu une connotation éloignée de la science.
  • si les méthodologies scientifiques modernes nous permettent difficilement d’obtenir des réponses claires concernant des problèmes diagnostiques et thérapeutiques.
  • une attente excessive des guérisons promises par la médecine officielle, qui ne sont pas suivies de résultats significatifs.Malheureusement, la plupart des maladies attendent encore une solution.
  • quand, souvent, vous consultez votre médecin non pas parce que vous avez des maladies, mais par peur de certains symptômes ou pour être rassuré ou consolé.
  • l’augmentation du nombre de médecins qui consacrent du temps aux médecines alternatives, ainsi que de nombreux médicaments alternatifs, vendus aujourd’hui dans de nombreuses pharmacies.
  • intérêts économiques forts de ceux qui produisent des produits de médecine alternative.

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